Des chercheurs en médecine locaux complète une étude innovante sur une procédure pour aider les nouveaux-nés
FREDERICTON – Au cours de la dernière décennie, plusieurs hôpitaux en Amérique du Nord ont décidé de retarder le clampage du cordon ombilical d’une minute ou deux après la naissance, car des études ont démontré que c’est mieux pour la santé du bébé.
Il y a environ deux ans, le Dr Yu Chen du Département de médecine de laboratoire de l’Hôpital Dr-Everett-Chalmers à Fredericton a été approché par la Dre Sheri-Lee Samson du Département d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital. La Dre Samson désirait que le report du clampage du cordon (RCC) devienne une procédure normale pour Chalmers.
« Normalement, la norme de soins veut que, une fois le bébé né, l’obstétricien clampe le cordon ombilical immédiatement pour ensuite le couper », dit le Dr Chen, chef et directeur médical en médecine de laboratoire de Chalmers.
« Beaucoup de données probantes démontrent que le report du clampage du cordon d’une ou deux minutes permet de transférer 80 à 100 millilitres de sang supplémentaire du placenta vers le nouveau-né, qui serait habituellement gaspillé. En obtenant plus de sang, le bébé a moins de chances de souffrir d’anémie ou de développer une infection. C’est un bébé plus rigoureux. »
Chalmers serait un des premiers hôpitaux au Canada atlantique à adopter cette procédure, même si elle est déjà largement acceptée par plusieurs organismes de réglementation médicale, y compris la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), l’American Academy of Pediatrics, l’American College of Gynecologists and Obstetrics (ACOG) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Par contre, l’équipe médicale de Chalmers désirait régler une question en suspend avant d’adopter la pratique. Les médecins de laboratoire effectuent une analyse des gaz sanguins pour évaluer la santé du bébé à la naissance. Mais personne n’a effectué une étude définitive sur les différences potentielles entre les résultats des tests sanguins si le cordon est clampé plus tard plutôt qu’immédiatement.
« Ils recommandent tous la [procédure de RCC], mais aucun d’entre eux ne possède d’indications claires quant à l’impact de cette procédure sur les mesures de l’analyse des gaz sanguins », dit le Dr Chen.
Le Dr Chen a donc assemblé une équipe comprenant les départements de médecine de laboratoire, et d’obstétrique et gynécologie; la Faculté des sciences de l’Université du Nouveau-Brunswick; et les départements d’obstétrique et de gynécologie, et de pathologie de l’Université Dalhousie.
L’équipe allait éventuellement collaborer à une étude comprenant près de 500 patients (380 ont eu leur cordon clampé immédiatement et pour 114 le clampage a été reporté jusqu’à un maximum de deux minutes).
Si le médecin veut retarder le clampage du cordon d’un ou deux minutes, il serait possible de modifier les valeurs de l’analyse des gaz sanguins – pression partielle en oxygène, pression partielle en dioxyde de carbone, valeurs du pH, dit le Dr Chen. [Si c’était le cas], les valeurs de référence devraient être ajustées… nous aurions besoin de deux ensembles de valeurs de référence [pour les procédures] car le clampage immédiat du cordon est encore nécessaire pour les cas de naissances avec complications. »
Ils ont passé à l’étape de l’essai et du suivi des résultats pendant une année et demie auprès de 494 participantes. Le Dr Chen avait une technologue en laboratoire médical (Rachel Fullarton) pour effectuer la collecte des données des analyses de gaz sanguins, et un étudiant de premier cycle en sciences (James Tang) de l’UNB pour aider à compiler les résultats et à effectuer l’analyse statistique. Il s’agit de la plus importante étude à ce jour, et elle a conclu qu’il n’était pas nécessaire de créer un nouvel ensemble de valeurs de référence pour les analyses de gaz sanguins effectuées après la procédure de RCC.
« Il n’existe pas de différence significative entre le report du clampage du cordon et l’ancienne norme de soins, le clampage immédiat, dit le Dr Chen. Nous avons déterminé que tant pour les obstétriciens que les laboratoires, ils peuvent choisir cette procédure et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir deux ensembles de valeurs de référence. »
Le Dr Chen et son équipe ont publié un article au sujet de leur étude dans le périodique international Archive of Gynaecology and Obstetrics. Et la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick (FRSNB) les a nommés Chercheurs du mois de janvier.
Il s’est agi d’un travail très gratifiant pour le Dr Chen, qui reconnaît les avantages de la procédure de RCC pour la santé des nouveau-nés.
« Nous avons été en mesure de résoudre un problème, dit-il. C’était une collaboration heureuse. »