Des chercheurs de Moncton affirment que l’activité physique et la bonne nutrition pendant l’enfance sont la clé de la vie adulte en santé
Est-ce que jouer dehors est lié à la santé mentale et à la prévention de maladies comme le diabète? Une équipe de chercheurs de l’Université de Moncton et du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick examine le lien entre l’activité physique et la santé – tant physique que mentale – chez les enfants et les jeunes adultes.
Le laboratoire de recherche sur la prévention des maladies chroniques a reçu le titre d’équipe du mois de septembre par la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick.
Une de ses études a déterminé que le nombre d’années pendant lesquelles une personne participe à de l’activité physique pendant la jeunesse et l’adolescence est directement lié avec la santé mentale plus tard dans la vie. Plus une personne est physiquement active, le meilleur sera sa santé mentale aussi.
« Nous avons été en mesure de démontrer que l’extérieur a un effet positif sur la santé mentale aussi. Le temps à l’extérieur mène à de l’activité physique, qui a éventuellement un impact sur la santé mentale », dit Mathieu Bélander, le chercheur principal du projet MATCH (Monitoring Activities of Teenagers to Comprehend their Habits).
MATCH est un projet unique dans le cadre duquel les habitudes de près de 1000 enfants initialement âgés de 10 à 11 ans de partout au Nouveau-Brunswick sont étudiées pendant plus de huit ans. Les chercheurs prévoient continuer à les étudier le plus longtemps possible. Vingt-et-un articles scientifiques ont été publiés basés sur ce projet.
« Nous avons effectué le suivi [des enfants] depuis 2011, et trois fois par année, nous mesurons leur participation à toutes sortes d’activités physiques et ainsi que toutes sortes de déterminants de l’activité physique et les résultats associés au comportement, explique le Dr Bélanger. Nous faisons déjà le suivi pendant jusqu’à 24 cycles de surveillance qui nous fournissent une description très claire du développement naturel de l’activité physique et de la participation aux sports dans le temps. »
L’étude vise à décrire clairement ce qui influence la participation aux activités physiques parce que malgré que la plupart des gens vivent une diminution de la participation, d’autres la maintiennent ou l’augmentent.
« Nous voulons comprendre ce qui l’influence et quelles sortes de résultats sont associés à différents modes d’activités physiques », dit le Dr Bélanger.
À ce jour, l’étude a déterminé que les enfants qui sont actifs dans plusieurs sports sont plus susceptibles de demeurer actifs en vieillissant comparativement à leurs pairs qui sont engagés dans seulement un ou deux sports.
« Cela nous mène à recommander que les enfants participent à une plus grande variété d’activité physique pour promouvoir la poursuite du comportement à long terme », dit-il.
L’étude a aussi déterminé que les enfants qui participent à de l’activité physique parce qu’ils ont du plaisir ou se sentent compétents ont tendance à poursuivre l’activité. Ceux qui participent parce qu’ils veulent améliorer leur santé ou leur image corporelle, ou ceux qui participent à case de l’aspect social du sport « ne sont pas réellement protégés contre le déclin de l’activité physique », dit le Dr Bélanger.
« C’est donc une question de créer un sentiment de plaisir, de s’amuser, c’est ce qui fera une différence et qui encouragera les gens à poursuivre l’activité physique. »
L’équipe du projet MATCH a travaillé avec certains conseils scolaires du Nouveau-Brunswick pour les aider à développer des politiques scolaires plus santés. Elle travaille aussi avec d’autres utilisateurs de connaissances – des agences, des organisations ou des ministères gouvernementaux comme Sport Canada et ParticipACTION.
Des projets comme MATCH sont importants parce que près de 93 pour cent des enfants au Canada ne font pas une quantité suffisante d’activité physique.
Le Dr Bélanger dit qu’il n’a pas toutes les réponses sur la raison de cette situation, mais les données indiquent que plusieurs enfants vivent dans des environnements où il est plus facile d’être sédentaire qu’actif, et qu’ils n’ont pas les meilleures sources nutritives. Et il y a aussi le lien avec le temps d’écran.
« Dans la petite enfance, il est facile de mettre un iPad ou une tablette devant votre enfant lorsque vous préparez le souper ou quoi que ce soit. Nous sommes en concurrence avec la technologie à cet âge », explique Stephanie Ward, la membre de l’équipe qui dirige le projet Départ Santé.
Par contre, la littérature démontre que les enfants qui ne font pas assez d’activité physique et qui ont une mauvaise alimentation développent des artères plus étroites et rigides que la normale, explique le Dr Bélanger.
« Les enfants ne ressentent pas nécessairement les conséquences au cours de ces premières années, mais elles les suivront tout au long de leur vie par la suite, dit-il. Même si les conditions [chroniques] ont tendance à apparaitre chez les adultes, elles commencent à se développer dans la très jeune enfance. »
Les enfants âgés de cinq ans et plus ont besoin d’environ une heure d’activité physique modérée à vigoureuse par jour, et les enfants de moins de cinq ans ont besoin de 180 minutes d’activité physique totale, explique la Dre Ward.
Départ Santé, un autre projet important de l’équipe, vise à aider les enfants à s’habituer à prendre de bonnes habitudes dès leur jeune âge. L’intervention en alimentation saine et en activité physique a commencé en 2013 en partenariat avec une équipe de la Saskatchewan suite à un projet pilote qui s’est déroulé dans cette province.
Dans le cadre du projet Départ Santé, les chercheurs offrent des séances de formation de trois heures aux employés de centres de services de garde à l’enfance sur les meilleures pratiques liées à l’alimentation saine, à l’activité physique, aux compétences fondamentales du mouvement et sur la façon de changer les politiques au sein des établissements. Ils offrent aussi une séance de rappel quelques mois plus tard.
Les chercheurs mesurent les éléments comme l’activité physique des enfants sur une durée de cinq jours pendant les heures sur service de garde, ainsi que leur alimentation durant l’heure du diner, et effectuent des analyses environnementales auprès des parents et des éducateurs. Ils examinent aussi les compétences de mouvement fondamental des enfants, qui ont connu une amélioration suite à l’intervention.
« Il s’agit du premier aspect prometteur de l’intervention », explique la Dre Ward.
Par contre, un manqué de ressources et de soutien sont les défis les plus importants à la mise en œuvre de l’alimentation saine et d’un environnement actif dans les centres de service de garde à l’enfance.
Maintenant, le projet est dans une phase de mise à l’échelle avec une version en ligne de la formation et personne et des séances de rappel, offertes à toutes les personnes qui travaillent dans le domaine de l’éducation à la petite enfance. À ce jour, l’intervention comprend 78 centres de services de garde à l’enfance au Nouveau-Brunswick et en Saskatchewan. Elle fait aussi partie de la formation officielle des éducateurs à la petite enfance au Nouveau-Brunswick et dans un collège en Saskatchewan.