Au-delà du patient moyen: en route vers les soins personnalisés
Pour ceux qui souffrent de maux de dos, la chirurgie peut grandement améliorer leur qualité de vie – mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
« Même si la recherche comme à démontrer que la chirurgie de la colonne vertébrale est de mieux en mieux pour améliorer les résultats et la qualité de vie des patients, il existe des patients dans notre pratique qui souffrent encore après une chirurgie techniquement réussie », dit le Dr Neil Manson, un chirurgien orthopédiste de Saint John.
Le Dr Manson fait partie d’une équipe de recherche qui veut apprendre pourquoi certains patients réagissent bien à la chirurgie alors que d’autres non, même s’ils étaient théoriquement des candidats parfaits.
À l’aide de données du Canadian Spine Outcomes and Research Network (CSORN), leur recherche est axée sur plus de 500 patients qui ont subi une chirurgie pour une sténose dégénérative, un type de maladie de la moelle épinière.
« Les connaissances actuelles nous indiquent que la chirurgie est réussie, mais l’opinion est basée sur des modèles statistiques qui tendent à illustrer le résultat moyen vécu par les patients, explique le Dr Jeffrey Hébert, professeur à la Faculté de kinésiologie de l’Université du Nouveau-Brunswick. Mais plusieurs patients ne s’inscrivent pas dans ce profil moyen. »
Dans le cadre de leur recherche, l’équipe voulait d’abord présenter le niveau de douleur et l’incapacité liée à la douleur vécus par les patients du moment de leur chirurgie jusqu’à deux ans plus tard.
Ils ont découvert que les patients vivent trois différentes trajectoires de douleur et d’incapacité. Le premier groupe ne subissait pratiquement aucune douleur, un autre group voyait une amélioration notable mais pas autant que le premier groupe, alors que le troisième groupe voyait très peu ou pas d’amélioration suite à la chirurgie.
Dès lors, l’équipe de recherche a examiné l’existence de caractéristiques des patients ou de la chirurgie elle-même qui pourrait prédire les résultats vécus par les patients individuels.
Ils ont découvert que si le patient souffrait de dépression ou était à risque de dépression, qu’il avait d’autres problèmes de santé sous-jacents, qu’il avait une douleur depuis longtemps, ou qu’il avait dû attendre plus longtemps pour sa chirurgie, il avait moins de chance de voir une amélioration suite à la chirurgie. Au contre, un patient qui faisait régulièrement de l’exercice ou qui recevait des traitements de chiropractie ou de physiothérapie avant la chirurgie avait plus de chance d’avoir un bon ou un excellent résultats suite à l’opération.
Les résultats de leur recherche offrent des informations utiles aux médecins et aux patients.
« Nous cherchons toujours à savoir ce que nos médecins peuvent faire, ce qui se trouve dans l’historique de santé de nos patients qu’on peut régler avant la chirurgie, ou ce qui peut être régler au niveau systémique, comme les temps d’attente, pour améliorer les soins, dit Erin Bigney du Réseau de santé Horizon et chef de la recherche du Canada East Spine Centre. C’est pour cette raison qui nous avons entamé cette étude de trajectoire, pour savoir pour chacun des patients individuels ce que sont ses risques et ses chances de succès. »
Leur objectif est d’obtenir le meilleur résultat possible pour leurs patients.
« Nous ne devrions jamais effectuer une chirurgie exigeante sur un patient s’il ne se sentira pas mieux par la suite. Même s’il s’agit du candidat parfait au niveau chirurgical », dit le Dr Manson.
Il dit que le plus important résultat de ce projet est que « nous ne pouvons nous fier uniquement sur notre approche médicale standardisée. Il faut faire mieux. Il faut une composante qui répond aux besoins de santé du patient dans son ensemble. »
Le Dr Hébert est d’accord, et note que « il est inadéquat de considérer que tous les patients sont dans la moyenne ». Comme la recherche l’a démontré, il faut plutôt voir les patients comme des individus.
Même si le projet n’a pas de bailleurs de fonds directs, le Canada East Spine Centre paye pour que ses projets de recherche soient des publications en libre accès, ce qui signifie que les médecins et les patients peuvent lire l’article sans frais. Cela est soutenu par des dons communautaires au fonds de recherche du Canada East Spine Centre, administré par l’entremise de la Fondation de l’Hôpital régional de Saint John. Les publications de ce projet sont disponibles dans les revues PLOS One et Spine.
La Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick a aussi joué un rôle, dit le Dr Hébert, puisqu’elle soutient son poste de chaire de recherche en santé musculosquelettique.
Grâce à une approche en équipe à des projets de recherche comme celui-ci, il est possible d’obtenir de nouvelles informations qui peuvent avoir un impact positif sur la communauté chirurgicale et les patients.
« Nous sommes réellement privilégiés ici au Nouveau-Brunswick d’avoir la possibilité de collaborer avec une vaste gamme de scientifiques et de médecins de haut calibre », dit Mme Bigney.
En plus du Dr Manson, du Dr Hébert et de Mme Bigney, l’équipe de recherche de ce projet comprenait le Dr Edward Abraham, un chirurgien orthopédiste de Saint John, le Dr Niels Wedderkopp, un chirurgien orthopédiste de l’Hôpital de South West Jutland, l’équipe du Canada East Spine Centre qui compte Eden Richardson, Dana El-Mughayyar, Mariah Darling et Amanda Vandewint, ainsi que les chirurgies contribuant au CSORN : Hamilton Hall, Charles Fisher, Raja Rampersaud, Kenneth Thomas, Bradley Jacobs, Michael Johnson, Jerome Paquet, Najmedden Attabib, Peter Jarzem, Eugene Wai, Parham Rasoulinejad, Henry Ahn, Andrew Nataraj et Alexandra Stratton.
Photo en bannière : Dr Edward Abraham, Amanda Vandewint, Erin Bigney, Eden Richardson, Dana El-Mughayyar, Dr Neil Manson. Image : fournie.