Une équipe de recherche vise à améliorer la qualité des soins des patients subissant une chirurgie cardiaque
On a longtemps cru que l’obésité avait un impact sur le rétablissement suite à une chirurgie cardiaque, mais les mesures traditionnelles n’ont pas été en mesure de prédire efficacement les résultats pour les patients.
Tout cela pourrait changer grâce à une découverte intéressante au sujet d’une protéine en particulier – les GDF15 ou facteurs de croissance de transformation 15 – qui est lié à la façon dont le système immunitaire réagit aux blessures.
Cette découverte a été faite par une équipe de recherche composée de cliniciens, de scientifiques fondamentaux, de chercheurs universitaires et d’analystes de données du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. L’équipe cherchait à découvrir quelque chose d’unique dans les échantillons de sang et de tissus prélevés chez les patients obèses qui subissaient une chirurgie cardiaque.
« Nous avons été en mesure d’identifier un sous-groupe de patients qui sont obèses et qui possèdent cette protéine particulière pour prédire qu’ils ne se rétabliront pas aussi bien après la chirurgie. Pour une raison inconnue, pour les patients qui possèdent un plus haut niveau de cette protéine, une composante de leur système immunitaire les fait réagir de façon anormale. Ils créent plus de tissus blessé que de réparation », explique le Dr Jean-François Légaré, chef clinique de chirurgie cardiaque du Centre cardiaque du Nouveau-Brunswick et membre de l’équipe de recherche.
« C’est ce qui nous a poussé à entamé cette recherche d’explication au niveau biologique. Existe-t-il une composante génétique, s’agit-il de la façon selon laquelle leurs cellules répondent aux blessures, ou est-ce quelque chose d’autres que nous pourrions cibler pour les aider à mieux réagir? »
Dans le cadre de l’étude, l’équipe a recruté des centaines de patients au Centre cardiaque du Nouveau-Brunswick, mais le sous-groupe sur lequel ils se sont vraiment concentré était composé d’environ 80 patients. Pour ce plus petit groupe, ils ont prélevé des échantillons de sang et de tissu au moment de la chirurgie, qui ont ensuite été préservé dans une biobanque.
En utilisant une biobanque, l’équipe était en mesure de conserver des tissus dans un état congelé pour de longues périodes et les analyser plus tard. Cette stratégie était nécessaire, puisque tous les patients participant à l’étude n’ont pas eu leur chirurgie en même temps. Elles se sont plutôt déroulées sur plusieurs années.
« De plus, les connaissances de demaine pourraient être très différentes de celles d’aujourd’hui, alors il sera possible de retourner (à ces échantillons) lorsque nous aurons de nouvelles informations ou de nouvelles protéines à tester », dit le Dr Légaré.
La prochaine étape pour l’équipe est de traduire les données obtenues et de voir comment il est possible de les appliquer à un échantillon plus vaste de patients.
« Même s’il est important d’identifier ces 80 patients, cela ne signifie pas que les résultats peuvent être généralisés pour tous. Existe-t-il une différence entre les hommes et les femmes, par exemple? La taille de l’échantillon est trop petite pour le savoir. Nous continuons donc à bâtir la biobanque, dit-il est ajoutant qu’ils ont récemment embauché un nouveau gestionnaire de biobanque pour les aider. Nous renforçons la capacité ici au Nouveau-Brunswick et il s’agira d’une excellente ressource pour obtenir de l’information et faire des découvertes à l’avenir. »
La recherche effectuée par l’équipe du Nouveau-Brunswick s’inscrit dans le cadre d’une plus vaste étude financée par le programme REACH des Instituts canadiens de recherche en santé qui examine l’inflammation causée par l’arthrite et les maladies du cœur. Le financement provient aussi du Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées, de la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick et de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.
La poursuite de cette recherche est importante, dit le Dr Légaré, puisque les connaissances qu’ils obtiennent leur permettra d’avancer plus loin et, en retour, d’inspirer une nouvelle génération de chercheurs qui pourront bâtir sur ces connaissances et les apporter encore plus loin.
De la recherche vibrante se déroule au Canada atlantique, dit-il et c’est grâce à une communauté de gens.
Pour ce projet, en plus du Dr Légaré, cette communauté comprend Shreya Sarkar, qui a assumé un rôle de leadership pour le projet, ainsi que Legere, Ian Haidl, Jean Marshall, Jeffrey MacLeod, Christie Aguiar, Sohrab Lutchmedial, Ansar Hassan, Keith Brunt, Petra Kienesberger et Thomas Pulinilkunnil.
« L’objectif principal est vraiment de toujours continuer à améliorer la qualité des soins que nous fournissons et les résultats pour les patients », dit le Dr Légaré.
La recherche de l’équipe a été publiée dans la revue Frontiers in Cardiovascular Medicine (disponible en anglais seulement).