Une équipe de recherche primée développe une technique pour attaquer les tumeurs
MONCTON – Que pensez-vous de ce projet de « retraite » : une initiative de recherche novatrice pour le traitement plus efficace de tumeurs grâce à des techniques minimalement invasives de chirurgie qui comprend plus de 20 professionnels médicaux et chercheurs de l’Institut atlantique de recherche sur le cancer à Moncton, de l’Université de Moncton, du Réseau de santé Vitalité, de l’Université McGill à Montréal et de l’Atlantic Veterinary College à Charlottetown.
C’est le défi que s’est donné le Dr Jocelyn Paré après avoir terminé son travail de scientifique de recherche chez Environnement Canada.
« En 2010, alors que je me préparais à prendre ma retraite, on m’a demandé d’examiner les applications à la fine pointe de la technologie des microondes. Lorsque j’ai fait la revue, j’ai été étonné de voir combien il existait de manquements en matière de nouveauté et d’innovation pour avoir de meilleurs outils [pour le traitement] », dit le Dr Paré, qui dirige le groupe nommé Équipe de recherche du mois de mars par la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick (FRSNB).
« J’ai continué pour développer une nouvelle approche à l’ablation par microondes et je l’ai présenté à l’Institut atlantique de recherche sur le cancer en 2014. Ils étaient intéressés, mais voulais que je revienne travailler. J’ai hésité, mais j’ai accepté de le faire si nous obtenions du financement. La Fondation de l’innovation du Nouveau-Brunswick m’a octroyé une Chaire de recherche en innovation en 2015 et nous voilà! »
Le domaine d’expertise du Dr Paré est centré sur ce qu’on appelle la technologie de « l’ablation par microondes ». Il s’agit d’une technique peu invasive où les médecins insèrent une aiguille dans la région de la tumeur cancéreuse et « utilisent des microondes comme source de chaleur pour brûler les tissus infectés », dit le Dr Paré.
« L’idée est d’atteindre la tumeur sans avec à effectuer de résection sur le patient et de faire d’intervention chirurgicale, dit-il. À mesure que la tumeur chauffe, elle meurt. Nous ciblons des tissus malades et nous tentons de limiter l’impact sur les tissus sains environnants. »
Il existe aussi un autre type de traitement, dit le Dr Paré, nommé « ablation chimique », où les médecins injectent un produit chimique, communément de l’éthanol, dans les tissus malades. C’est toxique et ça brûle la tumeur, la tuant de façon semblable à la technologie microondes.
L’idée novatrice du Dr Paré, qui est devenu la base du projet de recherche actuel, est de combiner les techniques qui produisent un meilleur résultat pour les patients.
L’éthanol peut pénétrer plus profondément que les microondes dans les tissus malades – jusqu’à 4 à 8 fois plus profondément, dit le Dr Paré, et lorsque nous les combinons, nous sommes en mesure d’attaquer des tumeurs plus grosses avec plus de précision.
« Nous ajoutons un peu d’éthanol pour permettre aux microondes de voyager plus loin dans les tissus et nous ciblons donc des tumeurs plus grosses que nous pourrions le faire avec des microondes uniquement », dit-il.
Le Dr Paré dit que la nouvelle technique, que l’équipe appelle « technologie d’ablation chimique assistée par microondes », permettrait de limiter le « dommage collatéral » au tissu sain entourant la tumeur.
« Nous pouvons être plus précis et plus efficaces », ajoute-t-il.
L’équipe du Dr Paré passe maintenant à la prochaine phase du projet puisque les tests de la nouvelle technique sont terminés dans un laboratoire à Moncton. Ses partenaires de recherche de l’Atlantic Veterinary College à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard ont maintenant commencé des tests sur les cochons.
Ils travaillent avec des cochons parce que leur physiologie et leur anatomie sont semblables à celle des humains, dit le Dr Daniel Hurnik, un vétérinaire et professeur au collège.
Le Dr Hurnik est heureux de la possibilité de travailler à l’amélioration des traitements pour la santé des gens grâce aux compétences et aux ressources de l’Atlantic Veterinary College.
« Grâce à nos connaissances et à notre capacité de travailler avec des animaux, nous améliorons aussi la santé humaine directement, dit-il. C’est une excellente collaboration pour améliorer les technologies pour la santé humaine. La profession de vétérinaire peut aider à élaborer de nouveaux traitements pour les gens qui sont plus faciles et plus efficaces. »
Il affirme aussi que la technologie pourrait éventuellement être utilisée pour traiter les animaux.
« C’est gagnant-gagnant pour nous, dit le Dr Hurnik. Nous pouvons discuter des inquiétudes des praticiens pour les humains, et nous pouvons ensuite générer de l’intérêt des chirurgiens vétérinaires qui se demandent sur cette technologie peut être utilisée pour traiter les animaux. »
Lorsque les essais sur les animaux auront été complétés, une équipe de l’Université McGill commencera les essais humains pour « démontrer que ça fonctionne chez les humains », dit le Dr Louis-Martin Boucher, radiologue d’intervention et professeur adjoint au Centre de santé de l’Université McGill.
À l’original, il était prévu d’engager l’équipe de McGill lorsque viendrait le temps de commencer les tests chez les humains, mais le Dr Boucher a fait le voyager jusqu’à l’Île-du-Prince-Édouard pour aider avec le processus de test chez les animaux.
« J’ai participé aux tests qui ont été faits sur les animaux, et j’ai fini par les aider à guider le placement de l’aiguille par échographie dans les différentes portions du foie ou des reins », dit le Dr Boucher.
Il dit que son équipe commencera les tests chez les humains une fois le processus de test sur les animaux complétés.
« La conception de l’aiguille est pratiquement complète. Il ne reste qu’à démontrer son efficacité. Une fois la partie avec les animaux terminée, si nous démontrons que c’est sécuritaire et que ça fonctionne bien, nous l’essaierons chez certains patients humains qui sont intéressés par ce type de technologie. »
Le Dr Boucher croit qu’il s’agira d’un immense pas vers l’avant si tout fonctionne.
« La théorie du Dr Paré veut qu’en utilisant de l’alcool nous puissions vraiment uniformiser la taille du brûlement, nous assurer que c’est exactement la taille nécessaire tout en nous assurant que les bordures sont très bien définies », dit le Dr Boucher.
« Cette aiguille doit aussi avoir le potentiel d’injecter non seulement de l’alcool, mais peut-être aussi des médicaments, ou quelque chose du genre, dans la tumeur. Pour moi, il s’agit probablement d’une des parties les plus intéressantes de ce projet – éventuellement nous pourrions injecter un type de médicament après la brûlure pour stimuler le système immunitaire à attaquer la tumeur ou détruire les cellules cancéreuses qui pourraient rester après le traitement. »
Il apprécie ce type de collaboration entre ce qu’il appelle le « laboratoire » (les chercheurs) et l’équipe médicale dans les cliniques.
Le Dr Hurnik est tout aussi impressionné par l’idée novatrice et l’assemblage d’une équipe si diversifiée, mais cohésive, de chercheurs.
« Il s’agit réellement d’un bon exemple de la façon qu’une idée novatrice peut naitre dans les Maritimes et de comment nous pouvons utiliser les écoles et technologies existantes pour trouver une solution. »
Il s’agit d’une bonne équipe qui travaille bien ensemble, dit le Dr Paré. Assez bonne pour qu’il puisse peut-être prendre sa retraite à nouveau bientôt.