Somru BioScience met en marché des médicaments à prix abordables
Que savez-vous des entrepreneurs novateurs du Canada atlantique? L’article suivant s’inscrit dans une série spéciale d’articles visant à mettre en lumière les initiatives passionnantes qui se produisent dans l’écosystème d’innovation en Atlantique. Nous vous présenterons les succès obtenus par les hommes et femmes novateurs de tous les coins de la région qui ont un impact sur l’économie. Cette présentation spéciale est parrainée par l’Agence de promotion économique du Canada atlantique.
Mohammed Moin et son frère Rafiq Islam ont perdu leur père, atteint du cancer, avant que Mohammed ne déménage au Canada du Bangladesh pour ses études universitaires. Sa mort a inspiré les deux frères à créer une entreprise qui porte son nom : Somru BioScience, qui est au cœur de l’initiative globale de mettre sur le marché des médicaments anticancéreux et antidiabétiques, à prix abordables.
« Mon père s’appelait Somru », explique Mohammed, le vice-président du développement commercial de l’entreprise. « Il est la force motrice derrière l’idée de rendre accessible les médicaments à prix abordables aux gens non seulement des pays du tiers monde, mais également du premier monde, car ces médicaments sont très coûteux ».
« Notre objectif est d’aider les entreprises à mettre les médicaments en marché plus rapidement et à des prix abordables, en utilisant notre technologie ».
L’entreprise, basée à l’Île-du-Prince-Édouard, que les frères ont fondée en 2012 avec leurs conjointes Dihan Ahsan et Clarinda Islam, commercialise actuellement ses produits dans plus de 20 pays de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est.
L’entreprise doit son origine à l’expérience que les frères ont vécue lorsqu’ils tentaient de trouver des médicaments abordables pour leur père.
« J’ai vécu l’expérience de naviguer dans le système de soins de santé d’un pays du tiers monde et j’ai découvert à quel point les médicaments biologiques salvateurs sont coûteux », déclare Mohammed.
Somru BioScience fournit des trousses aux entreprises pharmaceutiques et aux organismes de recherche pour évaluer la sécurité et l’efficacité des médicaments biosimilaires, dans des essais précliniques et les premières étapes des essais cliniques. L’entreprise aide aussi ses clients à concevoir ces essais.
L’an dernier, Somru a créé une coentreprise avec la société Radiant Pharmaceuticals basée à Bangladesh, afin d’établir et d’exploiter un laboratoire indépendant de diagnostic dans ce pays. L’accord a établi l’évaluation future de la coentreprise à 150 $ millions. Selon l’accord, Radiant commercialisera les trousses de tests s’appuyant sur les biomarqueurs de Somru pour les patients atteints de diabète et du cancer au Bangladesh.
On s’attend à ce que la coentreprise génère des ventes totales à l’exportation de 50 $ millions de l’Île-du-Prince-Édouard vers le Bangladesh au cours des cinq prochaines années, et ajoutera 100 employés au siège social de Somru à Charlottetown.
L’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est représentent maintenant la moitié des ventes de Somru, tandis que le reste du marché est réparti entre les États-Unis, l’Europe et le Canada. Intas Pharmaceuticals en Inde et Nanogen Pharma au Vietnam sont parmi les clients les plus importants de l’entreprise.
Selon Mohammed, il doit le succès de son entreprise à son environnement solidaire. Il a d’abord été capable de se servir des locaux d’incubation à son alma mater, l’University of Prince Edward Island afin de contrôler les coûts, comme il n’avait que l’argent de famille pour financer son entreprise.
« Nous avons loué un laboratoire de 500 pieds carrés, engagé un étudiant au doctorat, mon frère en assurait la gestion à distance et moi j’étais chargé du volet commercial », explique t-il. « Aux locaux d’incubation nous avons pu nous servir d’un équipement dispendieux en ne payant que le loyer. C’était un énorme avantage ».
Des organismes tels que PEI BioAlliance ont contribué leur mentorat, recueillant des fonds et assurant le volet juridique de l’entreprise. Lorsque Somru avait besoin de son propre équipement, l’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA) est intervenue pour contribuer au financement. L’an dernier, l’entreprise a pris possession de son propre laboratoire de 5 000 pieds carrés.
« L’APECA nous a beaucoup aidé en contribuant les fonds nécessaires pour construire notre laboratoire », déclare Mohammed. « Nous avons donc déménagé de notre ancien laboratoire que nous avions construit avec le soutien de l’APECA, de Finance PEI et d’Innovation PEI. En novembre nous nous sommes installés dans nos nouveaux locaux ».
Au cours des prochains 5 ou 6 ans, Somru prévoit construire les 15 000 pieds carrés supplémentaires de son espace de laboratoire et continuer à doubler son revenu. L’entreprise doublera son effectif au bureau de Charlottetown à 30 personnes, au début de cette année. L’entreprise a également des entrepreneurs engagés à Bangladesh, aux États-Unis, où l’expert scientifique en chef Rafiq Islam est basé, et au Royaume-Uni.
Mohammed souligne qu’en dépit du soutien solide des gouvernements provincial et fédéral, il trouve qu’il est difficile de conserver et d’engager des scientifiques chevronnés. Somru procède actuellement à l’embauche de deux scientifiques chevronnés à l’étranger, à l’aide du Programme pilote d’immigration au Canada atlantique.
« Nous avons comblé sans difficulté les postes de premier échelon et intermédiaires à l’Île-du-Prince-Édouard, avec des candidats provenant d’UPEI et de Holland College, et ces scientifiques représentent la majorité de notre effectif », affirme t-il. « Mais au niveau supérieur, il est difficile d’embaucher des gens, alors nous avons hâte de voir les résultats avec le Programme pilote ».
Avec d’autres dépenses prévues dans les années à venir, Mohammed révèle qu’il ira chercher à l’étranger un financement par capital-risque de plus de 5 $ millions.
« Nous ne cherchons pas activement des fonds supplémentaires en ce moment, mais nous prévoyons un accroissement des dépenses en capital en 2018 et 2019 pour de l’équipement de fabrication à haut débit », poursuit Mohammed. « Nous devrons procurer des fonds rapidement. Nous verrons comment les choses se passent, mais nous savons qu’il sera difficile à l’Île-du-Prince-Édouard. Nous voyagerons à l’étranger pour voir comment cela ira ».